En 1933, Le Chiendent est publié. Premier roman auquel on décerne le premier prix des Prix des deux magots. Selon Queneau ce roman est une illustration littéraire du discours de la méthode cartésien. L'histoire de Le Chiendent est assez macabre, dramatique et surréaliste a la fois. Depuis que Madame Cloche avait vu un homme écrasé vers les cinq heures de l'après midi a cote de la Gare du Nord ; une série de coïncidences méticuleusement réfléchies firent qu elle se trouva exactement a la même heure assise au même endroit en face de la mort du jeune homme dans un café qui, par pur hasard, se trouvât dans le coin.
Elle y commanda un thé camomille attendant que l'événement se renouvelât. Evidemment ce mort écrasé qu'elle avait vu auparavant fut pour elle un désastre et un traumatisme surtout que le jeune homme avait été soigneusement tranche par un autobus. Ce roman se déroule donc dans un univers dont la médiocrité rappelle incontestablement les romans populistes.
Trains et lotissements de banlieue, café miteux et baraques a frites sont en effet les endroits ou Queneau choisit d'illustrer le discours de la méthode de Descartes. Le héros du livre, Etienne Marcel apparaît d'abord tel une silhouette qui peu a peu prend une forme plus que consistante dans une récit touffu. Selon Georges Emmanuel Clancier, Queneau met ici en ?uvre le cogito ego sum qui au début pense donc il est et qui avec le temps commence a penser un peu et a penser encore et a ne plus du tout savoir si il est et qui il est.Ce qui ressort le plus dans ce roman est l'oxymore filée (si l'on peut utiliser une expression pareille) avec laquelle Queneau joue tout au long du roman en mettant en scène des méditations métaphysiques qui portent d'une part sur le néant et qui sont d'autre part racontées dans un arc en ciel de tons sous le signe du burlesque et du tragique. Mais assez réfléchi, voici donc un extrait du roman de Queneau ou Madame Cloche se met a rêver, qui, je l'espère vous donnera envie de le lire et de le vivre par vous-même : A s'voyait déjà arrivant au casino, quéquepart au soleil, dans un patelin ousqu'i fait toujours beau ; a s'voyait arrivant au casino, avec épais comme ça d'poudre sur la gueule, les nichons rafistolés et une robe à trois mille balles su'l'dos, entre deux types bien fringués en smoquinges et les cheveux collés su'l'crâne, des beaux mecs, quoi.
Et les gens i zauraient dit : Qui c'est celle-là qu'a des diamants gros comme le poing ? C'est-y la princesse Falzar ou la duchesse de Frangipane ? Non, non, qu'i zauraient dit les gens renseignés, c'est Mme du Belhôtel, qui s'occupe d'?uvres de bienfeuzouance et du timbre antiasthmatique. Alle a été mariée avec un prince hindou, qu'i diraient les gens, c'est s'qu'essplique sa grosse galette. En tout cas, y a une chose qu'elle aurait pas fait, ça aurait été d'jouer à la roulette. C'est idiot. On perd tout c'qu'on veut.
Non sa belle argent, elle l'aurait pas j'tée comm'ça su'l'tapis vert, pour qu'alle s'envole et qu'alle la r'voie pus. Non. Alle aurait pas reculé d'vant la dépense, ça non ; pour la rigolade, elle aurait été un peu là. Mais aller foutre son pèze dans la caisse d'un casino, ça, Alors ? Méditation, cogito ego sum, casino et roulette , a vous de comprendre le rapport?.
Aline Cohen habite aujourd'hui Israel et a fait ses études littéraires a Strasbourg. Fan de littérature de toutes sortes, elle écrit des articles en hébreu et en français a des sujets aussi paradoxaux soit-ils : casino et littérature, jeux de poker et littérature, etc.